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  • Author: ventdusud
  • Date Posted: 12 Mai, 2017
  • Category:
  • Address: Malte

À 2 H 30 de Paris, Malte ne saurait se résumer au triptyque soleil-plage-farniente. Le plus petit pays de l’Union européenne, carrefour entre Orient et Occident, a été le creuset de toutes les civilisations de la Méditerranée. Fief des chevaliers de l’Ordre de Malte, La Valette regorge de splendeurs architecturales et de trésors artistiques. Une destination week-end à (re)découvrir, en forme de voyage dans le temps.

C’est l’une des plus belles capitales de la Méditerranée. Tout, à La Valette, témoigne du riche passé de Malte, cette île au confluent des civilisations méditerranéennes, entre Orient et Occident. Fondée au XVIe siècle, la capitale maltaise est, pendant deux siècles, celle de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Le fief des chevaliers de l’ordre de Malte. De fait, La Valette se retrouve alors à la tête de l’une des grandes puissances économiques et politiques du bassin méditerranéen.

Aujourd’hui, cette cité de calcaire doré, bâtie sur un éperon rocheux s’avançant dans le bleu de la mer, semble ne pas avoir changé. Immuable et aristocratique, La Valette a tout d’un rêve de pierre surgi de l’un des plus beaux ports d’Europe, le Grand Harbour (photo) formé de plusieurs baies et marinas. De la ville, depuis les quais et les fortifications, on peut admirer le ballet incessant des luzzus (petites barques colorées), des ferries et des paquebots. De la mer, lors d’une croisière dans le port, on contemple, le souffle coupé, les fortifications, les palais, les coupoles, les flèches des églises, les immeubles tantôt austères, tantôt baroques…

Une fois la porte de la ville passée, le visiteur a l’impression de remonter dans le temps. Bâtie selon un plan en damier, La Valette était une place forte stratégique, construite sous la menace ottomane. Pratiquement toutes les rues semblent terminer leur course dans le bleu de la Méditerranée. Les immeubles austères, parfois vétustes, arborent jalousies mi-closes et vérandas colorées. Ça et là, une cabine téléphonique rouge rappelle l’héritage britannique.

Ailleurs, du linge pendu aux fenêtres forme un écho plébéien aux ors des palais et des auberges portant encore les armoiries des chevaliers. On se croirait à Naples, en Sicile, voire (sacrilège !) à Istanbul. Le promeneur déambule dans un conservatoire historique de la Mare Nostrum. La nuit, les rues sont désertées, car presque personne n’habite à La Valette (7 000 habitants). La ville prend alors des allures mystérieuses, on s’attendrait presque à voir surgir, au coin d’une rue, un chevalier.

Peu étendue, La Valette se visite à pied. Avant de parcourir la ville, il faut faire une halte aux Upper Barraca Gardens (jardins du haut Barraca), tout proches. Ce parc ombragé, construit au-dessus des fortifications sud de la ville, offre une vue inoubliable sur le port et les Trois Cités. Tous les jours à midi, les canons de la Saluting Battery tirent une salve, une cérémonie vieille de plusieurs siècles.

Se perdre dans ses ruelles pavées du XVIe siècle est un pur bonheur. En chemin, on croise d’anciens palais ou des auberges où dormaient les chevaliers. La plupart abrite aujourd’hui des bâtiments officiels et ne se visite pas. Coup de cœur pour la superbe auberge de Castille, de Leon et du Portugal, reconstruite au XVIIIe siècle. L’auberge de Provence sert d’écrin au musée national d’Archéologie, où on peut admirer mégalithes préhistoriques, vestiges des temples de Malte et la fameuse Venus maltaise de Hagar Qim.

Autre témoignage de la splendeur du patrimoine maltais : le palais des Grands-Maîtres, siège du gouvernement à l’époque des chevaliers, édifié au XVIe siècle et embelli au XVIIIe siècle. Plus loin, sur Republic Street, qui traverse la ville de City Gate au Fort Saint-Elme, la Casa Rocca Piccola mérite le détour. Cette demeure, qui appartient à l’une des grandes familles maltaises, est ouverte à la visite. Ambiance viscontienne assurée.

L’austérité extérieure de la co-cathédrale Saint-Jean, joyau de l’île, contraste avec la profusion baroque de sa décoration intérieure qui n’a rien à envier aux plus belles églises italiennes. C’est d’ailleurs à un peintre calabrais, Mattia Preti (1613-1699), que l’on doit les extraordinaires peintures de la voûte. On peut admirer également ses tableaux au musée des Beaux-Arts de l’Admiralty House.

Le dallage de la cathédrale est exceptionnel : il est composé de 374 pierres tombales en marbre coloré, richement décorées, sous lesquelles reposent les chevaliers les plus illustres de l’ordre de Malte. On compte huit chapelles latérales, chacune consacré à l’un des groupes linguistiques des chevaliers. À côté, le musée Saint-Jean recèle deux trésors : la Décollation de saint Jean et Saint Jérôme écrivant, deux toiles du Caravage qui s’était réfugié à Malte en 1607. Mais le sulfureux peintre ne fut jamais chevalier…

Une mini-croisière en bateau dans le Grand Port (Grand Harbour) permet d’appréhender la beauté des lieux. Face à La Valette, nichée dans trois anses de ce rivage très découpé, les Trois Cités rivalisent de beauté, malgré la proximité des docks et des chantiers navals. Vittoriosa (Birgu), Senglea et Cospicua sont aujourd’hui de paisibles cités populaires, dont les ports sont transformés en marinas pour yachts très chic.

Facilement accessible en bus depuis La Valette, Vittoriosa mérite le détour. Elle fut, avant le siège ottoman de 1565 et la construction de La Valette, le premier fief des chevaliers. Au cœur du labyrinthe de ses ruelles très étroites, à l’atmosphère très méditerranéenne, s’élèvent de somptueuses auberges des chevaliers ou le palais de l’Inquisiteur, un édifice très baroque.

Enfin, si on dispose de quelques jours pour visiter, il est très facile de rayonner en bus au départ de La Valette. À moins d’une heure, Mdina est un parfait complément à la visite de La Valette. Cette superbe cité fortifiée médiévale dévoile ses ruelles, sa cathédrale baroque et ses palais aux murs dorés à l’intérieur de ses remparts. À visiter en fin d’après-midi, quand ses rues désertées s’offrent, en toute quiétude, à la contemplation.