Nous voulions retourner aux Iles Eoliennes qui nous avaient tant enchantées lors de notrecroisière en 2012. La remontée, mythique, du détroit de Messine, nous tentait aussi depuis quelques années.
Notre programme de navigation était donc limpide, et étalé sur 5 semaines. Nous comptions bien sur quelques escales incontournables, comme Syracuse, Taormina, Scylla, voire Milazzo, avant de mettre le cap sur les Iles Eoliennes :
– Vulcano pour le cap d’arrivée,
– Panarea que nous ne connaissions pas,
– Stromboli parce-qu’il est impensable de ne pas y aller,
– Lipari, pour refaire un plein d’eau,
– Filicudi, sous réserve d’une météo clémente.
A l’issue de notre tour des Iles Eoliennes, nous avions prévu de redescendre par le détroit de Messine, et, en fonction du temps restant et de la météo, nous descendrions sur Malte, avec quelques dernières escales sur les îles de Gozo et Comino.
Ce programme de navigation représente environ 600 miles nautiques, soit un peu plus de 1100 kilomètres terrestres.
Vous trouverez à la suite nos CARNETS DE VOYAGE de l’été 2014.
Nous avons bien mis à profit l’avant-saison pour préparer le bateau :
– Un robinet eau de mer installé par ELIA devrait permettre de faire la vaisselle au mouillage, sans avoir à prendre de l’eau de mer dans un seau,
– un nouvel afficheur anémomètre SIMRAD a été installé, suite à la réparation de la girouette,
– une nouvelle annexe de 2m90, avec coque en V, devrait nous permettre de mieux affronter les vagues au mouillage. Merci à ANDREA pour l’avoir bien réceptionné chez Nautilhouse,
– Foulques et moi avons installé notre récepteur AIS en fixe, avec un cable usb à disposition,
– nous avons désormais une passerelle de 2 mètres en aluminium, notre vieille planche en bois ayant rendu l’âme,
– le carénage ainsi que la révision du moteur ont été réalisés par Elia en mai,
… nous n’oublions pas l’aide constante de Maria, Emi, Dario, Sebastiano, et Salvatore, qui veillent toute l’année sur le voilier.
Nous arrivons par avion de Paris à l’aéroport de Catane le dimanche 27 juillet 2014. Un taxi réservé par les bons soins de Sebastiano, de la Marina, nous conduira à Licata (AG), à la Marina di Cala del Sole.
C’est le port d’attache de notre voilier « Le Vent du Sud » depuis décembre 2012.
Notre vol retour étant le 30 août, nous avons du temps devant nous pour réaliser un beau programme de navigation.
Nous tenterons de quitter le port le lundi 28 juillet si nous sommes prêts, et si la météo le permet … à défaut nous partirons plus tard !
Il nous faut surtout monter les voiles, que nous avions soigneusement lavées et pliées en fin d’été dernier.
Nous sommes bien arrivés ce matin dans notre Marina, à une vitesse grand V : notre taxi roulant à 130 km/h pour une vitesse limitée à 50 km/h, nous avons effectué le trajet de Catane à Licata en 1H15….
Le Vent du Sud était encore une fois recouvert d’une fine couche de sable : le scirocco a apparemment beaucoup soufflé selon nos voisins de pontons.
Nous avons mis à profit notre heure matinale d’arrivée pour préparer le bateau. Un vent de 20 noeuds dans le port nous a empêché de mettre la grand-voile et le génois. Ce n’est que vers 23 heures que le vent est tombé, heure à laquelle Foulques et moi avons oeuvré : nous venons de terminer à l’heures ou j’écris, à savoir environ 0:30.
Au menu du déjeuner figuraient les fameuses charcuteries italiennes de Conad, ainsi que de nombreux fruits : raisins délicieux, prunes et nectarines. Pour le diner, nous ne pouvions démarrer la saison sans prendre une pizza au Mulino, notre pizzeria préferrée à Licata.
… et le programme pour demain ?
Nous sommes trop épuisés pour réfléchir…. on verra cela demain…. après le petit-déjeuner dans le cockpit !
La journée suivante est consacrée à achever la préparation du bateau, et à ramener des caddies entiers de nourriture, fruits, légumes, boissons …. et notamment 60 bouteilles d’eau.
Nous larguons les amarres en ce mardi 29 juillet un peu après 6 heures du matin, pour plusd’un mois de navigation.
Notre première étape consiste à rejoindre Syracuse, située à environ 95 miles nautiques, dans l’entrée du détroit de Messine.
Marie-Bénédicte ainsi que Sixtine et Bérénice nous rejoignent directement par taxi depuis l’aéroport de Catane.
Marina di Cala del Sole, Licata
La mer est calme. Ce n’est pas de chance pour le vent d’est, qui est plutôt rare en cette saison. Il devrait cependant souffler du sud cet après-midi. Nous finissons par filer tout de même 7 noeuds avec des pointes à 7,5.
La météo est conforme aux prévisions de mes fichiers GRIB, avec un vent d’abord au près, ensuite de travers, puis au portant pour l’arrivée.
Le pilote auto fait encore des siennes. Foulques se plonge dans le manuel sur ipad…puis sort les clés allen. Rien n’y fait, il faudra voir cela au port.
Nous mouillons finalement dans la baie de Syracuse à 21H30, après un diner en mer et 15 heures de navigation non-stop, en prenant des quarts. L’arrivée dans la baie la nuit, avec 15 noeuds de vent nous amuse plutôt. Il est temps de se reposer…
Syracuse
En milieu de matinée, Foulques part en annexe chercher Marie-Bénédicte, Sixtine et Bérénice sur le quai du port de Syracuse.
Elles sont arrivées par avion à Catane, ce matin. Le choc thermique est saisissant pour elles, il fait en effet assez froid à Paris en cette fin juillet.
Nous laissons le temps aux filles de s’habituer à ce petit espace, il est vrai, plus petit qu’à la maison …pour prévoir un départ de Syracuse au petit matin.
Au fond, l’Etna depuis la Baie de Brucoli
Après quelques heures de navigation pour parcourir 18 miles, nous mouillons dans la Baie de Brucoli, en face de l’Etna, vers 13 heures.
Le cadre est féerique, l’eau turquoise à 30°, what else ?
Cette petite baie, méconnue sur les guides nautiques est très calme, et jouit d’une vue dont on ne se lasse pas. Elle est cependant moyennement protégée, notamment du vent du nord … qui doit justement souffler cette nuit…! On fait donc un mouillage par 8 mètres de fond avec 30 mètres de chaîne.
La journée est donc consacrée à l’activité baignade. Tout le monde est ravi. On se repose. Nous sommes vraiment en vacances. On ne se lasse pas de cette vue, qui rend si peu sur la photo.
J’en ai presque oublié les déboires avec mon pilote auto : le technicien de Syracuse était fort sympa, il n’avait juste pas la pièce, qu’il a du commander de Bologne et qu’il recevra dans 8 jours. Il me fera la réparation à mon retour des Iles Eoliennes, c’est à dire dans environ 15 jours.
Baia di Brucoli
Nous passons la nuit au mouillage dans ce très bel endroit.
Après une nuit au mouillage de Brucoli, nous décidons rallier directement la baie de Taormina, à 31 miles.
Nous partons après une grasse matinée à 9H20, pour une arrivée prévue vers 14H30. Bérénice et Sixtine sont enrolées pour barrer, et s’en sortent à merveille !
Foulques
Nous mouillons dans la baie de Taormina, à Giardini Naxos.
Le cadre est superbe, et la baignade indispensable. Les filles font des courses au supermarché local : nous avons consommé les 10 kgs de fruits achetés à Licata.
La soirée est largement consacrée à regarder les coulées de lave de l’Etna, dont nous avons une vue en direct. C’est assez impressionnant !
Au fond, la baie de Taormina
Les coulées de lave sur l’Etna
Nous partons en début de matinée de Giardini Naxos, avec pour prochaine étape la plage de Scilla, sur la côte Italienne, en face du lieu mythique de Charybde.
Il nous faudrait théoriquement passer par Charybde entre 15H00 et 17H00 compte tenu de l’horaire de la marée consultée sur internet. A défaut d’être dans cette tranche horaire, il sera plus sage de raser la cote Sicilienne et ainsi éviter les puissants courants pouvant atteindre 5 noeuds….
C’était le programme de navigation que nous nous étions fixés…
Après 10 miles de la Baie de Taormina, le vent a forci et on a commencé à voir des creux de 2 mètres dans le détroit. Nous enfilons sans attendre les gilets à gonflage automatique, en s’accrochant à la ligne de vie.
Dans le détroit de Messine
Foulques et moi avons barré plus de 5 heures avec entre 25 et 30 noeuds de vent, de face. Décision fût prise de ne pas aller jusqu’à Scilla, mais de tenter l’entrée au Port de Nettuno (ME). Après quelques insistances on trouve une place au port, nécessaire notamment pour réparer le lazy jack qui s’était cassé pendant la navigation chahutée.
Détroit de Messine
Dans la soirée, on trouve une pizzeria non loin de la marina, qui nous prépare quelques pizzas que nous dégustons dans le cockpit.
Nous échangeons par téléphone avec ma cousine Sophie, qui travaille en ce moment à Tindari, située non loin du port de Milazzo, qui dessert les Iles Eoliennes. Nous n’avons pas trop envie de retourner au port et optons pour un mouillage le lendemain à la pointe du Cap Milazzo, si les conditions météo nous l’autorisent.
Nous verrons tout cela demain matin…
Nous allions quitter le petit port de Nettuno vers 9 heures du matin, lorqu’on s’aperçoit qu’il n’y a plus d’eau de mer qui ressort de l’échappement arrière.
Un rapide coup d’oeil au moteur nous met en évidence le fait que la courroie de pompe à eau de mer est trop détendue, et qu’elle n’entraîne plus l’axe. Elle est donc hors service, et il est urgent d’éteindre le moteur pour éviter une surchauffe, celui-ci n’étant plus refroidi par l’eau de mer.
Fort heureusement, nous en avions deux de rechange. Après presque 2 heures de travail, la courroie est changée et nous pouvons donc partir.
Changement de la courroie de pompe à eau de mer
Nous partons donc en direction de Milazzo, pour un dernier mouillage avant les Iles Eoliennes. Sixtine, à la barre, franchit les derniers miles dans le détroit de Messine, où nous croisons les fameux bateaux pêcheurs d’espadon, typiques avec une tour impressionnante, ou siègent les guetteurs.
Pêche à l’espadon, à l’entrée du détroit de Messine
Nous arrivons à la Cala san Antonio, à la pointe nord-ouest du Capo Milazzo.
L’endroit est vraiment sublime, et l’eau transparente.
Sixtine et Bérénice, au Capo Milazzo
Nous ne serons que trois bateaux au mouillage le soir dans ce magnifique mouillage de temps calme.
Au mouillage, Capo Milazzo
Bérénice, Sophie, Sixtine, Adrien
Nous avons la joie de retrouver notre chère cousine Sophie, que nous allons chercher en annexe, à la Spaggia del Santuario. Sophie nous amène un vin de l’Etna, qui accompagne à merveille un Penne con melanzane e pomodoro.
Foulques, Marie, Sophie
Après notre soirée de retrouvailles, nous partons un peu avant 11H00 du mat’ en direction des Iles Eoliennes. La météo nous incite à choisir un mouillage de beau temps au sud de l’ile de Vulcano, à Gelso. (Voir : Les Iles Eoliennes)
Foulques
L »endroit est magnifique, et les eaux sont transparentes par 7 mètres de fond, la hauteur d’eau à laquelle nous jettons l’ancre. L’endroit est calme, paisible, et incite au farniente. Nous en profitons, et décidons de ne pas avoir de programme de navigation pour demain.
Vulcano, hameau de Gelso
Nous retrouvons les plages de sable noir, si caractéristiques des Iles Eoliennes. L’endroit est magique, un peu hors du temps. Au mouillage nous ne serons que trois voiliers pour la nuit.
Vue, au fond, du hameau de Gelso
La plage, de sable noir, de Gelso
Il faut savoir que Gelso, situé tout en face de Milazzo sur la côte Sicilienne, a une fonction stratégique toute particulière. Le hameau dispose d’un petit embarcadère inutilisé en temps normal, mais qui doit servir de point de rassemblement pour évacuer l’ile, en cas d’éruption Volcanique.
Vulcano compte tout de même 740 habitants pour 21 km2.
Nous rallions en moins de deux heures le mouillage sur l’est de l’ile de Vulcano. On annonce un peu de vent d’ouest dans la nuit, et on dispose d’une petite protection à Porto di Levante. Nous mettons donc le cap sur cette baie.
Nous mouillons par 7 mètres de fond juste en face des bains de boue, vers lesquels nous nageons sans attendre !
On finit par s’habituer à l’odeur de souffre, « oeuf pourri », si caractéristique de Vulcano.
Foulques
Dans l’après-midi, nous allons acheter des fruits chez ROCCO, une célébrité de l’ile, toujours fidèle au poste, et situé juste à l’embarcadère des navettes inter-iles. Nous revenons sur LE VENT DU SUD avec l’annexe, avec un plein de nourriture dont une cagette de brugnons, qui s’àvèreront être délicieux.
A terre, pour chercher des fruits …. chez ROCCO.
Porto di Levante, Vulcano
Le mouillage est assez fréquenté, puisqu’il y aura plus d’une vingtaine de voiliers à l’ancre pour la nuit, dont beaucoup arriveront en soirée.
Au cours de la nuit, un vent de 15 noeuds d’Ouest demande un minimum de veille, avec notamment l’alarme de mouillage.
Nous quittons Vulcano en début de matinée pour aller faire un plein d’eau et de carburant sur l’ile de Lipari, qui est dans les faits la « capitale » des iles Eoliennes. Il faut savoir que Lipari compte près de 10000 habitants pour 37 km2.
Lipari est aussi un des seuls endroits où l’on peut trouver ces ressources qui sont rares dans la région. L’eau étant rationnée, le pompiste nous autorise 3 minutes de remplissage de notre cuve à eau…. il faudra en fait 5 minutes pour remplir la cuve….le pourboire faisant le reste…
Nous abandonnons l’idée de mouiller au pied de la citadelle de Lipari, trop « en ville » à notre gout, et remontons l’ile par le nord. Nous n’avons, pour finir, aucune envie de retourner sur la terre ferme, avec son lot de voitures….
Le mouillage de Canetto nous semble trop rouleur, nous jetons donc notre dévolu sur Porticello, un peu plus au nord. Nous mouillons par 4,20m de fond dans une eau translucide … avec 30 mètres de chaine compte tenu du vent de 15 noeuds qui souffle de NNW. L’endroit est magnifique, nous faisons face aux anciennes carrières de pierre ponce. L’ile de Panarea se détache clairement au loin, et nous le prenons comme un appel du pied.
La baignade est de rigueur !
Au pied des carrières de pierre ponce, Lipari
… en route pour chercher la pierre ponce
Nous allons sur la plage chercher quelques morceaux de pierre ponce, que nous nous empressons de mettre dans nos trousses de toilette. La chose amusante est que la pierre ponce est une pierre qui flotte sur l’eau.
Un morceau de pierre ponce.
7La consultation de la météo nous incite à trouver un autre mouillage à l’abri pour jeudi soir : nous optons pour la Cala di Zammeri, dans l’Ile de Panarea.
Un peu moins de 8 miles nous sépare du point d’arrivée, avec un anémomètre qui indique 10 noeuds au départ. En arrivant à la pointe de l’ile de Lipari, ce qui correspond au Canal de Salina, le vent forcit à 15 noeuds de NNW et nous avons aussi de la houle. Nous sommes au travers.
La particularité de la Cala Zammeri est que le lieu est officiellement interdit à la navigation et au mouillage, ainsi qu’en attestent tous les guides nautiques, mais qu’il est très couru par les italiens …
Il faut savoir que Panarea est un peu la St Trop’ des Iles Eoliennes. On y trouve surtout des Romains, des belles boutiques de mode … et des prix qui sont en conséquence. En se balladant dans les ruelles de Panarea, il y a vraiment un coin de Grèce, avec ces petites maisons blanches, avec une eau turquoise en toile de fond.
Sur les 3,4 km2 de superficie de l’ile vivent 280 habitants en hiver …. et plus de 2000 pendant l’été … et la messe est dite le dimanche à 19 heures.
Ruelle menant au port de San Pietro, à Panarea
Depuis Panarea, vue de l’archipel: Dattilo, Lisca Nera, Bottaro, Lisca Bianca.
Il y a du monde au mouillage dans la journée, mais nous finissons par trouver le bon emplacement par 7 mètres de fond de sable, en face de la plage, mais pas trop près. Les Guardia Costiera délogeront d’ailleurs toutes les embarcations devant nous, jugées trop près du bord. Nous en profiterons pour pester contre ces bateaux à moteurs, qui ne viennent que dans la journée et repartent tous au port le soir….
Panarea, l’église
Bérénice, à Panarea
L’eau est transparente par 7 mètres de fond, cela va sans dire !
Sixtine, à Panarea
Au mouillage, Panarea
Nous décidons de partir en matinée pour l’ile de Filicudi, située à environ 25 miles nautiques. La mer est calme, avec un vent d’Ouest de moins de 5 noeuds.
Notre route aux Iles Eoliennes
Il est intéressant de savoir que Filicudi est une ile de 9,7 km2 et qui compte tout de même près de 235 habitants.
Nous jetons l’ancre à La Canna, en pleine mer, à environ 1 mile à l’ouest de Filicudi. L’endroit est sublime, et nous en profitons pour faire une petite excursion en annexe dans la Grotta Bue Marino.
Grotta Bue marino, Filicudi
Grotte du Boeuf marin, Filicudi
Grotte du Boeuf marin, Filicudi
La Canna
En fin d’après-midi, nous mouillons au sud de l’ile, à Pecorini a Mare, devant la plage.
Tout, ici, est authentique.
Nous en profitons pour aller faire des courses dans l’épicerie locale, sans oublier de déguster l’indispensable granita.
Pecorini a Mare, Filicudi
Il existe vraiment quelques endroits qui demeurent hors du temps …
Pecorini a Mare, Filicudi
A la tombée de la nuit, nous voyons au loin quelques lumières allumées sur l’ile d’Alicudi, située à environ 10 miles, et nous le prenons comme un appel du pied.
Alicudi est une ile sans aucun mouillage référencé dans aucun guide nautique. 75 personnes y habitent cependant à l’année.
Sixtine est partante pour y aller demain, mais en y réfléchissant plus encore, nous concluons que nous risquons de chercher longtemps un abri pour la nuit.
Nous partons de Filicudi à 8H00 avec une légère brise de NE : décidément, Eole se joue de nous, c’est précisément notre cap pour le Stromboli ! (voir Ulysse dans les Iles Eoliennes)
Notre passage à la pointe sud de l’ile de Stromboli nous fait passer le cap des 300 miles nautiques parcourus depuis notre départ de Licata le 28 juillet. Ce qui équivaut pour mémoire à 555 kilomètres terrestres.
Stromboli, le village
Stromboli ou « le phare de la Méditerrannée »
La plage de sable noir
Nous mouillons sans difficulté par 6 mètres de fond, devant la plage de sable noir, et juste en face de l’église.
Il faut savoir que Stromboli est une ile de 500 habitants répartis sur 12,6 km2. Il n’existe aucun amarrage sérieux sur l’île, et on ne peut donc y aller que lorsque les conditions météorologiques sont sans risque.
Vue de l’église, sur le mouillage
Sixtine et Bérénice
Nous restons ainsi deux jours dans ce superbe mouillage, et en profitons notamment pour faire une petite excursion en annexe au Strombolicchio. Si l’on n’a pas le vertige, on peut monter tout en haut de la petite l’île : la vue depuis le phare sur le Stromboli est saisissante.
Strombolicchio
Le phare du Strombolicchio
Vue du Strombolicchio sur notre mouillage
Coucher de soleil, depuis Stromboli
Marie, Bérénice, et Foulques
Il est temps de poursuivre notre périple et de quitter les Iles Eoliennes en ce lundi 11 août. Nous levons l’ancre à 8 heures du mat’, avec un pincement au coeur. Il fait déjà très chaud et la mer est d’huile. Nous faisons cap au 145° pour Scylla, sur la cote Italienne, en Calabre.
Scylla est un endroit célèbre depuis l’antiquité, principalement en référence à l’Odyssée d’Homère. (voir : Le mythe de Scylla)
C’est aujourd’hui un village de pêcheurs, juste à l’entrée du détroit de Messine, et qui est resté assez authentique.
Scylla
Scylla
Sur le plan maritime, les guides nautiques font référence à une possibilité de mouillage dans le port. Nous jetons cependant l’ancre devant la plage. La vedette de la Guardia Costiera nous accoste en milieu d’après-midi et nous demande de nous éloigner de la plage. Nous obtempérons et nous éloignons de façon symbolique.
Le port de Scylla
Scylla
Nous nous baladons dans les rues de Scylla, et faisons le tour du port en annexe. Nous aimons beaucoup cet endroit.
Foulques
Scylla, la plage
Seul voilier au mouillage, « Le Vent du Sud », depuis la hauteur de Scylla
Nous quittons notre beau mouillage de Scylla en début de matinée, et croisons plusieurs bateaux de pêche à l’espadon.
Pêche à l’espadon, à l’entrée du détroit de Messine.
Sur la photo, au fond, on voit un pylône blanc et rouge, emblématique de l’entrée dans le détroit de Messine du coté de la Sicile. Pendant très longtemps, ce pylône, aujourd’hui monument historique, a servi à alimenter la Sicile en électricité depuis le continent Italien. L’alimentation électrique s’effectue aujourd’hui par cables sous-marins, depuis environ 20 ans.
Pour profiter à fond du courant portant, il est utile d’entrer dans le détroit de Messine autour de 9 heures 30. Cet horaire correspond à 4H30 après la marée haute du jour, de Gibraltar (4H55). Le sujet est controversé, certains préférant se caler sur la hauteur de marée à Messine, et non de Gibraltar. Il faut comprendre que le détroit de Messine est une « chasse d’eau » entre la Mer Tyrrénienne et la Mer Ionienne, et que le degré de salinité entre les deux mers est assez important.
Nous passons ainsi par Charybde : les tourbillons dans l’eau sont assez impressionnants. Le speedo nous indique une vitesse de 5,1 noeuds….. et le GPS nous indique une vitesse de 8,8 noeuds ! En passant au milieu du détroit, nous avons ainsi bénéficié ainsi d’un courant portant de 3,7 noeuds.
En descendant un peu plus le détroit, nous retrouvons un vent entre 20 et 25 noeuds, mais cette fois-ci nous sommes au portant. Nous prenons d’emblée 2 ris dans la grand voile, puis nous passons sous génois.
Nous arrivons ainsi vers 16 heures à Giardini Naxos, dans la baie de Taormina, et mouillons devant la plage. (voir:Histoire de Taormina). Il est temps de faire le plein de nourriture et de boissons : nous partons donc en annexe à terre, avec un chariot et un sac, que nous ramenons pleins.
Par 35 degrés, ramener 3 granitas jusqu’à notre mouillage demande
de la concentration…. et surtout de la rapidité !
Sur le plan culinaire, nous ne nous lassons pas des tomates Siciliennes que l’on consomme avec un simple filet d’huile, des concombres au goût délicieux, des nectarines et du raisin que nous mangeons tout au long de la journée.
Coulée de lave sur l’Etna
Le soir, nous voyons au loin les coulées de lave sur l’Etna. En repartant le lendemain matin, le bateau est recouvert d’une fine couche de cendres. Il est urgent de laver le bateau !
L’Etna, depuis Giardini Naxos
Voici plus de 15 jours que nous sommes en navigation, et il est temps de rejoindre un port avant d’effectuer la traversée pour Malte.
Nous décidons de rallier directement Syracuse depuis Taormina. Le port étant au pied de la ville, on se retrouve tout de suite en plein centre d’Ortygie. (Voir : Histoire de Syracuse)
Ortygie, centre historique de Syracuse
Nous y arrivons ainsi un peu avant 17 heures : en entrant par le nord de la baie de Syracuse, on a un Scirocco de 25 noeuds presque de face. L’ammarage sur pendilles se fit avec l’aide de plusieurs personnes présentes sur le ponton. La houle dans la baie était assez impressionnante.
Baie de Syracuse, sans aucun bateau au mouillage…
Dans les rues d’Ortygie
C’est l’occasion de laver, ranger le bateau, faire des lessives, remplacer une bombonne de gaz, trouver des ampoules de feux, faire enfin réparer le pilote auto, trouver une recharge pour l’internet, etc…
On a aussi eu une petite déchirure dans la voile et il n’était pas raisonnable de faire la traversée vers Malte sans effectuer une réparation. On a fini par trouver une voilerie qui a fait la réparation, et qui a d’ailleurs trouvé une seconde déchirure. Tutto bene !
Bérénice et Foulques, Ortygie
Nous en profitons pour retourner le soir à la « Trattoria Archimède » où nous étions venus l’année dernière avec les Saou. Leur couscous à l’espadon (« spada ») est toujours aussi délicieux !
A la Trattoria Archimede
Baie de Syracuse
Tôt le matin, nous quittons Syracuse en direction d’Isola di Passero, à la pointe sud-est de la Sicile, puis l’abri de Porto Palo, qui sera notre point de départ pour la traversée à destination de Malte.
En arrivant à Porto Palo, le vent est de 20 noeuds. Nous mouillons par 6 mètres de fond et mettons 35 mètres de chaine. Il n’y aura que 5 voiliers au mouillage pour la nuit, avec un vent qui diminue à 15 noeuds dans la soirée.
Foulques
Quand le vent se calme, le soir, Foulques remonte au mât pour récupérer le lazy jack qui s’était défait pendant la navigation … ce qui n’est pas si confortable au mouillage !
Nous quittons la Sicile à 7 heures du matin en direction de Malte, et choisissonsMarsaxlokk comme point d’arrivée, qui est un village de pêcheurs au sud de l’ile.
Nous arrivons vers 19 heures dans cette baie, que nous trouvons assez bien abritée des vents dominants de nord et d’ouest.
Marsaxlokk
Au cours de la nuit, la météo est conforme aux prévisions, à savoir un vent de 20 noeuds du nord. Nous mettons 25 mètres de chaîne pour 4,5m de profondeur.
Le lendemain matin, nous découvrons l’endroit, qui est superbe. Le marché du dimanche matin est très coloré, avec ses étals de poissons, et nous y faisons nos emplettes. Marie et Bérénice assistent à un brin de messe …. avec une langue maltaise pas très facile à comprendre !
En ce dimanche matin, Foulques et Sixtine se proposent d’aller chercher une carte d’accès à l’internet (indispensable pour télécharger la météo et publier notre blog), …. qu’ils finissent par trouver à l’aéroport de Malte, situé à moins de 10 km.
Marsaxlokk
La journée s’écoule au rythme des baignades et des allers et venues au village, en annexe, en se frayant une route à travers les luzzi, ces fameux bateaux de pêche traditionnels Maltais.
Bateau de pêche traditionnel « luzzu »
Dessiner des yeux à l’avant des barques est sans doute une tradition qui remonte au temps des Phéniciens et qui a perduré même après la christianisation de l’archipel.
Un « luzzu »
Marsaxlokk
Notre programme de navigation pour la semaine consiste à remonter progressivement Malte, à partir de la pointe sud, c’est à dire de Marsaxlokk.
Réveillés par les cloches de l’église qui sonnent l’Ave Maria, nous quittons notre escale très pittoresque pour rejoindre la baie de St Thomas, située à quelques miles au nord-est, et y jetons l’ancre.
St Thoma’s Bay
Bérénice, St Thoma’s bay
Il existe une hypothèse selon laquelle St Paul (lire : St Paul à Malte) ne se serait pas échoué dans la baie éponyme mais dans la baie de St Thomas. A ce sujet, il est intéressant de lire l’article tiré du Malta Independent en 2010, lors de la venue de Benoit XVI pour les célébrations du naufrage de St Paul à Malte. (Lire Le naufrage de St Paul à Malte : à St Paul’s bay ou St Thomas bay ?)
Je crois que cette hypothèse a beaucoup de sens sur le plan nautique, notamment en raison du haut fond sableux de Munsclar, à l’entrée de la baie de St Thomas et de la description des lieux donnée par St Luc, son disciple, et qui est tout à fait conforme à l’endroit. En tout cas, j’en aime l’idée car cet endroit est vraiment préservé, à l’abri de toute activité touristique, et n’est fréquenté que par des locaux.
St Thoma’s Bay
Sur le coté ouest de la baie, accessible en annexe, nous allons nager et marcher dans un lagon ou l’eau est transparente.
Bérénice, Foulques et Sixtine
Dans l’après-midi, nous allons à pied voir la baie de Marsascala, juste à coté.
Marsascala Bay
Marsascala Bay
Le soir, nous dînons au restaurant situé juste en face du bateau, avec un fish and chips à la sauce maltaise.
En début de matinée, nous quittons la baie de St Thomas, et remontons l’ile principale de Malte, du coté est. Nous sommes au portant avec un vent sud-est de 10 noeuds lorsque nous passons à hauteur de La Valette.
La Valette
Nous n’avons pas envie d’aller au port, et optons pour un mouillage dans la baie de St Julian’s, qui est l’endroit peut-être le plus animé de Malte … surtout pour les jeunes.
St Julian’s est une baie abritée des vents de sud et sud-est, qui doit s’intensifier dans les heures qui viennent. Les prévisions météo font également état d’une possibilité d’orages, modérement violents pour demain. Nous envisageons donc d’y rester deux nuits, et mettons 30 mètres de chaîne pour 8 mètres de fond.
St Julian’s Bay
Foulques et Sixtine en profitent pour aller à terre, voir leurs professeurs, dans l’école de langues où ils ont tous les deux récemment séjourné.
St Julian’s, Malte
Foulques visite aussi la famille où il séjourné en juin de cette année, et revient notamment avec une suggestion de mouiller à Mgarr Ix Xini, sur l’ile de Gozo.
C’est un endroit assez exceptionnel, mais après recherche, il s’avère que tout le secteur est en ce moment fermé au public …. pour cause de tournage de film. Angelina Jolie et Bradd Pitt y tournent en ce moment leur prochain film « BY THE SEA ».
(voir l’article tiré du Times of Malta : « BY THE SEA » with Brad Pitt & Angelina Jolie)
Nous passerons d’ailleurs devant la petite baie le lendemain, un peu avant notre arrivée à Dwejra bay.
Dommage de ne pas pouvoir mouiller dans cet endroit !
Nous levons l’ancre après le petit-déjeuner, dans l’objectif de rallier Paradise Bay, sur la péninsule de Marfa. Nous profitons que le vent soit exceptionnellement de sud est, pour mouiller dans une baie à l’ouest de l’ile.
Nous passons ainsi devant St Paul’s Bay, où, selon la tradition, l’apôtre Paul a atteint la terre ferme, après son naufrage en l’an 60. (lire : St Paul à Malte)
A proximité, une statue de Jésus Christ a été immergée dans les fonds marins, en protection des pêcheurs Maltais, et a été bénie par Jean-Paul II en 1990. (Ps La photo qui suit a été reproduite)
Statue de Jésus Christ, St Paul’s Bay
Aller sur Malte, c’est aussi suivre les traces de St Paul.
Nous mouillons par 9 mètres dans Paradise Bay, avec un vent de sud-est modéré, ce qui nous met en confiance compte tenu de la relative protection de l’endroit. Dans la journée, nous sommes 4 bateaux au mouillage, et allons nager jusqu’à la belle plage de sable.
Péninsule de Marfa, Malte
Dans la nuit, nous serons le seul bateau au mouillage dans la baie.
Paradise Bay, Malte
Quelques miles plus au sud, il existe une très belle calanque, nommée Anchor Bay, célèbre pour avoir été en 1980 le lieu de tournage du film Popeye, avec le défunt Robin Williams.
Nous quittons l’île principale de Malte pour rejoindre l’île de Comino, au Blue Lagoon.
Blue Lagoon (Comino)
L’endroit est très fréquenté, avec des allers et venues incessants de navettes à moteur …. mais le lagon est vraiment magnifique !
Bérénice et Sixtine
Blue Lagoon, Comino
Nous regardons les prévisions météo pour les jours qui viennent, et un fort vent de nord-ouest est annoncé à partir de dimanche dans le Canal de Malte, pour quelques jours. Notre vol retour étant dans une semaine, il n’y a pas de doute, le seul créneau météo visible pour la remontée vers la Sicile est demain samedi !
Blue Lagoon, Comino
Blue Lagoon, Comino
Sixtine
Bérénice
Foulques
Dans l’après-midi, nous quittons le Blue Lagoon pour Dwejra Bay, sur l’ile de Gozo.
Dwejra Bay est une baie toute circulaire, un peu comme la Baie de Rondinara en Corse, relativement protégée des vents dominants. Ce sera notre point de départ demain matin, pour Licata, en Sicile.
Dwejra bay, au coucher du soleil
Nous partons faire une excursion en annexe voir l’Inland sea, une mer intérieure accessible au bout d’une grotte taillée dans la falaise. C’est assez impressionnant !
Entrée de la grotte
Grotte
Inland Sea
Inland sea
Nous quittons Dwerja Bay à Malte vers 6 heures du matin avec un tout petit vent d’est, et mettons le cap sur notre port d’attache, Licata, en Sicile.
Après avoir récupéré et intégré une météo au logiciel de routage, nous prenons délibérément un cap plus à l’ouest, pour tenir compte des courants dans le canal de Sicile, et ainsi optimiser notre route.
En milieu de la traversée, nous voyons une tortue de mer qui passe à coté du bateau, … mais nous n’avons pas la présence d’esprit de prendre une photo.
Bérénice descend le pavillon de courtoisie Maltais….
…pour hisser à nouveau le pavillon de la Sicile
Nous arrivons ainsi à Licata à 16 heures, un peu fatigués … et avec une forte envie d’aller une douche après cette journée caniculaire !
Notre croisière s’arrête ici, pour cette année 2014, et sommes aussi contents d’être revenus à bon port.
Pour cet été 2014, notre voyage s’arrête ici à Licata, à la Marina di Cala del Sole, notre port d’attache.
Depuis notre départ en juillet, nous avons parcouru sur la mer 612 miles nautiques, soit l’équivalent de 1133 kilomètres terrestres, en l’espace d’un mois.
Notre route
Nous sommes conscients d’êtres allés dans des endroits assez exceptionnels, et quelquefois peu accessibles à tout le monde. Nous avions déjà eu l’occasion de découvrir les Iles Eoliennes ainsi que Malte au cours de précédentes navigations, mais notre croisière 2014 nous a permis de découvrir des mouillages encore plus reculés, moins fréquentés, et plus authentiques.
Sur un plan pratique, nous avons quelques jours devant nous avant notre retour en France, et avons donc tout le temps pour nettoyer, laver, réparer …. et se reposer sur notre petite plage privée, qui est adjacente à la Marina.
Foulques change une drisse en tête de mât.
Marina di Cala del Sole, Licata
La plage, Marina di Cala del Sole
Et pour notre croisière l’année prochaine ?
Si la réponse d’emblée est une traversée vers la Grèce, nous songeons également à découvrir l’Ile de Pantelleria ainsi que les Iles Pélages, situées entre la Sicile et la Tunisie : Lampedusa, Linosa, Lampione.
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes
2014 Iles Eoliennes